Gitega :
un monument fantôme
Un ouvrage en forme de monument a été érigé à
Musinzira sur la route Gitega-Karusi, il y a plus de quatre ans. La population
se demande à quand son inauguration et son coût.
Quatre ans
après, il n’est pas encore inauguré ©Iwacu
Le soi-disant monument a été construit en 2010 à
l’initiative du gouvernement. Une clôture aux couleurs nationales ceinture une
stèle surmontée de statues d’un fusil, un arc, une lance et une machette. Un
écriteau « Plus jamais ça » est très visible, même de loin. L’entrée est gardée
jour et nuit par les sentinelles qui empêchent tout accès. Curieusement, des
vaches y viennent souvent brouter des herbes qui ont envahi les lieux . Depuis
cette période, la population de Gitega attend toujours son inauguration. La
plupart des habitants de Gitega se demandent toujours l’utilité et le coût de
cette construction.
« C’est le gaspillage des fonds publics . A quoi bon
dépenser pour quelque chose qu’on ne veut pas inaugurer ? », s’interroge
Alphonse un habitant de l’un des quartiers de la ville de Gitega. Cet homme
n’est pas le seul à s’interroger sur l’utilité de ce monument. « Peut-être
qu’on a voulu détourner l’argent en se cachant derrière la construction de ce
monument sinon je comprends mal pourquoi personne ne veut nous dire à quoi sert
ce monument », déclare Sébastien Ntamagiro.
« Un
monument national à la mémoire de toutes les victimes »
Un responsable administratif a déclaré, sous couvert d’anonymat,
que cette place aurait servi à quelque chose d’important au lieu d’y construire
un monument qui ne sera jamais inauguré.
« Si on y avait construit un hôtel, une école ou un
hôpital notre province serait en tout petit développée. Mais ils ont préféré
nous donner ces stèles comme si nous en avions besoin. »
Les autorités provinciales indiquent que c’est un
monument national à la mémoire de toutes les victimes des génocides, des crimes
de guerre ou d’autres crimes contre l’humanité. A la question de savoir à quand
il sera inauguré, ces dernières font savoir qu’elles ne sont pas mieux placées
pour le dire.
« La
province ne peut pas statuer sur quelque chose qui a un caractère national.
Nous ne savons ni quand ni comment il sera inauguré. Tout ce que nous pouvons
confirmer, c’est que nous serons des invités comme les autres »,a assuré Gérard
Nibigira, conseiller principal du gouverneur de Gitega.
En attendant, ce monument fantôme continue d’être
l’objet de railleries de la part de la population de Gitega et de ses environs.
MANIFESTATION POUR LA PAIX
AMATORA 2015
"VIDEOS"
Antoine Kaburahe
06-03-2015
Autre mauvaise nouvelle pour le « système », Hussein Radjabu, l’ancien homme fort du parti au pouvoir, jusque là en prison, s’évade lors d’une opération apparemment très bien menée.
30-03-2015
Antoine Kaburahe
07-03-2015
Traduction : « La parole ( Ijambo, en kirundi peut signifier accord, convention) essentielle et claire, c’est que les Burundais se sont convenus que celui qui est élu pour être chef de l’Etat du Burundi, qui qu’il soit ne peut dépasser deux mandats de cinq ans »
L’Eglise catholique du Burundi réputée très réservée et « diplomate » a cette fois pris position.
Il y a quelques temps, l’archevêque de Gitega, Mgr Simon Ntamwana, une des voix respectées du Burundi, s’était opposé clairement contre un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza.
Cette fois, la déclaration est signée par les huit prélats et doit être lue dans toutes les églises catholiques ce dimanche.
Sur cette prise de position de l’Eglise catholique, sous anonymat, un haut cadre du parti interrogé par Iwacu a lâché « c’est de l’artillerie lourde.»
A suivre.
Le RAPRED-GIRUBUNTU en bref
13.03.2015
Au gouvernement, Pancrace Cimpaye précise qu’un embargo sur les armes doit lui être imposé. Et de demander la redéfinition des missions dévolues à la Représentation des Nations Unies au Burundi : « De ce fait, le démantèlement de cette milice Imbonerakure ainsi que le désarmement de la population civile devraient rentrer dans les attributions et les priorités du Bureau des Nations Unies au Burundi. » De la même manière, analyse-t-il, cette mission des Nations unies devrait avoir le droit d’imposer un dialogue entre les acteurs politiques autour de la problématique des élections inclusives, apaisées, crédibles et démocratiques au Burundi.
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Certains etaient obligés....
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La campagne « Halte au 3ème
mandat » passe à la vitesse supérieure
Clarisse Shaka
27-02-2015
Forsc,
Focode, Aprodh, Acat, etc sont tous unanimes : «
Pierre Nkurunziza n’a pas droit au 3ème mandat ! »
De gauche à droite, Pierre-Claver Mbonimpa, Vital
Nshimirimana, Pacifique Nininahazwe et Armel Niyongere, en train d’animer la
conférence de presse ©Iwacu
Un mois après le lancement de la campagne « Halte au
3ème mandat », ses initiateurs ont animé une conférence de presse, ce jeudi 26
février. Ces organisations affirment que le président de la République est
résolu à briguer le 3ème mandat. « En témoigne le silence qu’il garde autour de
cette question épineuse. » Elles appellent, ainsi, tous les citoyens burundais
à protester vigoureusement contre le 3ème mandat de M.Nkurunziza en participant
à la manifestation pacifique qui sera effectuée dès l’annonce de ladite
candidature.
« Pierre Nkurunziza n’est plus un facteur de
stabilité dans ce pays, mais plutôt un facteur de violence ! », martèle
Pacifique Nininahazwe, président du Focode. Il estime que la menace brandie par
les pouvoirs publics d’organiser des contre-manifestations élève
considérablement le risque probable de violence.
Ces organisations de la société civile soulignent
qu’elles ont tenté de dissuader le président de la République, dans une
correspondance qu’elles lui ont adressé le 6 février dernier, de ne pas tenter
de poser sa candidature. Malheureusement, confient-elles, il semble faire la
sourde oreille.
Elles annoncent que la manifestation contre le
3ème mandat de M.Nkurunziza, une fois lancée, continuera jusqu’à ce qu’il y
renonce.
"VIDEOS"
sont tous unanimes : enllaç d'un altre "VIDEO"
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N'IBINDI.....
MU KAMENGE
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04.03.2015
Le président de la République
inaugure Kira Hospital
Cédric-Soledad
Urakeza 04-03-2015
Construit pour plus de 28 de milliards Fbu, Kira
Hospital a ouvert ses portes, ce 3 mars, en présence de la plus haute autorité
du pays. Désormais rares seront les Burundais qui se rendront à l’étranger pour se
faire soigner.
Lors de la
coupure du ruban par le président de la République ©Iwacu
C’est sous un soleil accablant que Pierre Nkurunziza a
coupé le ruban aux côtés de la ministre de la Santé, du directeur général de la
Socabu et du promoteur et président du conseil d’administration de Kira
Hospital. Par la suite, ils ont visité une partie des locaux.
Des discours ont été prononcés à l’occasion. «
Bujumbura et même tout le pays peut être fier d’acquérir un hôpital de qualité
aux normes internationales. C’est une réussite d’un partenariat innovant entre
les secteurs public et privé », a déclaré Saïdi Juma, maire de la ville de
Bujumbura.
Pour la Socabu, un des actionnaires de Kira
Hospital, c’est une référence sur le territoire national et même dans la
région. Onésime Nduwimana, son directeur général, a tenu à remercier le Dr.
Christophe Sahabo, promoteur du projet et directeur général de Kira Hospital. «
Il ouvre ses portes au moment opportun puisque nous avons mis en place une
assurance santé et allons travailler ensemble. »
L’évolution du système de santé n’a pas encore
atteint le niveau souhaité, a indiqué le président de la République, dans son
allocution. Et d’ajouter la faiblesse du plateau technique, l’insuffisance du
personnel soignant, le mauvais accueil, etc. « Nous remercions les actionnaires
suisses, la Socabu, la Camebu et les médecins burundais qui ont préféré revenir
de l’étranger pour développer leur pays. »
Il a félicité spécialement le Dr. Christophe Sahabo pour son abnégation dans la conduite du projet. Il précise que sa finalité est le bien-être de la population et le travail déjà effectué est immense. Le président du conseil d’administration de Kira Hospital a remis un recueil de protocoles médicaux au Dr Sahabo.
Il a félicité spécialement le Dr. Christophe Sahabo pour son abnégation dans la conduite du projet. Il précise que sa finalité est le bien-être de la population et le travail déjà effectué est immense. Le président du conseil d’administration de Kira Hospital a remis un recueil de protocoles médicaux au Dr Sahabo.
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Appel à un changement du
pouvoir par les urnes
Félix
Nzorubonanya 04-03-2015
Le Mouvement pour la Solidarité et le Développement a
appelé, ce dimanche, la population de la commune de Burambi à opérer un
changement du pouvoir par les urnes.
Les membres du parti MSD manifestant leur soutien aux
élections libres, apaisées et transparentes ©Iwacu
La fièvre électorale monte à 2 mois de la tenue du
premier scrutin, les partis politiques se bousculent pour rencontrer leurs
militants à la base en vue de se préparer aux prochaines élections.
Ce dimanche, les membres du parti Msd résidents à
Burambi et les natifs de cette commune œuvrant ailleurs membres de ce parti se
sont rencontrés au chef-lieu de cette commune pour des cérémonies d’échanges
des vœux du nouvel an.
Mervine Nkenguburundi, membre du bureau politique
national et présidente de la ligue des femmes au Msd, a lancé un appel à la
population de la commune de Burambi pour opérer un changement du pouvoir à
travers les urnes au cours des prochaines élections au Burundi.
Elle a indiqué que le bilan du pouvoir en place
est négatif dans plusieurs domaines (l’éducation, le commerce, l’agriculture et
l’élevage, le développement rural, etc. Elle a alors appelé les membres du Msd
à se faire enrôler afin d’élire et de se faire élire, lors des prochaines
élections.
Elle a demandé aux membres du parti d’enseigner
l’idéologie du parti Msd jusqu’à la sous-colline.
Prise en compte de la dimension Genre au Msd
Elle a annoncé que la prise en compte de la
dimension Genre est une réalité au sein de ce parti car le nombre des femmes
est égal à celui des hommes dans tous les organes dirigeants de ce parti.
Mervine Nkenduburundi a appelé les femmes de
cette commune de Burambi à adhérer massivement à ce parti afin de se faire
élire.
Elle a demandé à ceux qui ne se sont pas fait
inscrire de le faire au cours de la période supplémentaire d’enrôlement que la
Ceni a accordé.
Elle leur a demandé de vaincre la peur afin
d’opérer un changement de pouvoir dans la sérénité.
Signalons que 22689 personnes se sont fait
enrôler dans cette commune pour participer aux prochaines élections, a indiqué
le représentant du parti Msd dans cette commune. Et que les étudiants des
différentes universités natifs de cette commune et membres du parti Msd
s’étaient joints à ces cérémonies d’échanges de vœux du nouvel an.
05.03.2015
05.03.2015
“Ils ont aussi des droits! »
Philippe
Ngendakumana 05-03-2015
Après expérimentation de la prison, Bob Rugurika
relève les lacunes dans le système carcéral burundais. Il plaide pour les
droits des prisonniers.
Bob Rugurika : « Au moins 75% des détenus sont
injustement, illégalement et irrégulièrement incarcérés.» ©Iwacu
« Je demande que l’autorité judiciaire soit consciente
que le prisonnier a droit à une vie digne ». C’est la remarque principale que
formule le directeur de la Radio publique Africaine, une semaine après sa
sortie de prison.
Il se dit écœuré de la vétusté des infrastructures. «
Imaginez-vous qu’à Mpimba, les canaux d’évacuation des eaux usées passent
devant les chambres ! » Il regrette l’exiguïté de la prison de Muramvya et
surtout l’insuffisance des latrines dans ce pénitencier. De tout quoi, Bob
Rugurika demande à l’Etat burundais la construction des infrastructures «
dignes d’abriter des êtres humains ».
Le directeur de la RPA se dit aussi désarmé face à une
population carcérale pléthorique : « Les prisonniers vivent comme des oiseaux.
Ils dorment à la belle étoile, notamment au quartier dit « prévenu » de Mpimba.
» Si l’on en croit toujours ses témoignages, la situation est pire à Muramvya :
les prisonniers dorment à même le ciment et passent la nuit pelotonnés les uns
contre les autres.
Bob Rugurika alerte sur la vulnérabilité de la plupart
des détenus, une situation consécutive à l’insuffisance de la ration
alimentaire et des médicaments. Plus inquiétant encore, souligne-t-il, c’est
que la prison de Muramvya ne dispose pas de véhicule pour l’évacuation des
malades en temps utile.
Bob Rugurika
dit qu’il a été particulièrement frappé par la solidarité des prisonniers,
notamment pour ce qui est du soutien qu’ils témoignent à ceux qui passent de
longues périodes sans recevoir une visite de leurs proches. Sur ce, il invite
les hommes de bonne volonté à fournir une assistance matérielle aux
prisonniers, en complément aux œuvres de la miséricorde corporelle de Caritas.
Sans oublier les œuvres de la miséricorde spirituelle des aumôniers.
Les
dossiers, un casse-tête
Il s’en prend particulièrement aux différentes
irrégularités dans le suivi judiciaire des dossiers. C’est notamment
l’incarcération sans dossier administratif ni judiciaire, le retard dans la
signification des jugements entraînant la détention arbitraire des prisonniers
pourtant relaxés par la justice, le manque d’information par les intéressés de
l’état d’avancement de leurs dossiers judiciaires.
Sur ce, il salue l’action de l’Aprodh auprès des
prisonniers et conseille au ministère de la Justice de ne pas diluer
l’influence de l’Aprodh auprès des prisonniers.
A l’observation
que l’amélioration des conditions carcérales demandent beaucoup de moyens
financiers que le ministère de la justice ne peut pas facilement collecter, Bob
Rugurika rétorque : « Ce n’est pas un problème de budget. C’est un problème de
priorité ». Et de marteler que les décideurs ne sont interpellés sur les dures
conditions carcérales des détenus que quand ils sont écroués.
Signalons que Bob Rugurika définit la prison comme «
un lieu de recueillement où les prisonniers découvrent les tristes réalités de
la vie et où ils vivent réellement les injustices commises par les individus
qui devraient leur rendre justice. »
La grêve...
06.03.2015
Malaise
A trois mois des élections, l’heure
n’est pas à la sérénité. Le président garde obstinément le silence sur son
éventuelle candidature contestée, les partis politiques de l’opposition
fulminent sur les violations de leur droit à se réunir comme lors de la dernière
conférence de presse de la coalition Ranac interdite par la police, sans aucune
raison légale. L’officier expliquera aux leaders politiques ébahis que les
conférences de presse «se déroulent à la maison de la presse ». Une nouveauté !
Les prix flambent, les syndicats et les
associations de la société civile appellent à une grève énérale-qui a été
suivie- pour protester contre « la vie chère. »
En même temps, on apprend la signature de
contrats économiques opaques pour des millions de dollars, comme cette
attribution du site de l’ancien marché central à une société « chinoise. »
Le patron du service national de renseignements,
un poste sensible, est limogé après trois mois de prestation.
Autre mauvaise nouvelle pour le « système », Hussein Radjabu, l’ancien homme fort du parti au pouvoir, jusque là en prison, s’évade lors d’une opération apparemment très bien menée.
Sur le plan économique, politique, le mal être
est là. Un malaise profond, diffus, traverse toutes les couches de la société,
tous les milieux, toutes les professions.
Il faut que de toute urgence les forces
politiques, économiques et sociales s’élèvent pour enrayer l’engrenage qui
risque de nous précipiter sur la voie de la violence.
Forcing
Antoine Kaburahe
13-03-2015
« Il n’y a
pire sourd que celui qui ne veut entendre » (Adage populaire)
La question du 3ème mandat du président Nkurunziza, ou
le deuxième, c’est selon, est sur toutes les lèvres. Cette question est devenue
une fixation.
Certaines voix et pas des moindres se sont déjà
exprimées. Les Etats-Unis espèrent que « les élections présidentielles
honoreront l’Accord d’Arusha, y compris ses dispositions sans équivoques
concernant les limites des mandats de l’exécutif » (…) Le texte de l’Accord
d’Arusha est sans équivoque, indiquant que « nul ne peut exercer plus de deux
mandats présidentiels. » Limpide.
L’Union européenne, après les circonlocutions
diplomatiques d’usage, explique qu’un « troisième mandat du président actuel
peut créer un certain nombre de tensions et présenter un certain nombre de
risques. » Entre les lignes, on comprend bien que l’UE est consciente des
dérapages possibles et s’en remet elle aussi aux accords qui ont mis fin à la
guerre fratricide : « Les apports et l’esprit de l’Accord d’Arusha sont très
importants pour la réconciliation et la paix dans ce pays (…) ».
Réputée réservée, « trop diplomate »,
l’Eglise catholique du Burundi a même été accusée d’être « l’Eglise du
silence » lors des ifférentes tragédies vécues par le Burundi. Mais cette
fois, la langue de bois a été laissée à la sacristie. Le vendredi 6 mars,
s’appuyant sur la Constitution en vigueur, Mgr Evariste Ngoyagoye, archevêque
de Bujumbura, vice-président de la Conférence des évêques catholiques du
Burundi, a rappelé nettement qu’à Arusha, les Burundais « ont convenu sans
aucune ambiguïté que toute personne élue pour diriger le Burundi ne peut aller
au-delà de deux mandats de cinq ans chacun (…) ». La messe est dite.
Les pasteurs demandent même à leurs ouailles une
« neuvaine », c’est à dire des prières de neuf jours pour le
changement politique. L’intéressé appréciera…
Bref, des pressions diplomatiques, des
oppositions ouvertes et même des neuvaines… Au moment où nous écrivons ces
lignes, il semble que le président Nkurunziza tienne toujours mordicus à « son
» mandat. Impassible dans ce tumulte, « Peter » continue à faire ses descentes
dans le pays, comme s’il ignorait qu’une majorité des Burundais des collines
sont clairement opposés à une troisième candidature* . Comme si rien ne
comptait d’autre pour lui que de rempiler à la tête de l’Etat. A n’importe quel
prix. Et c’est justement là le problème, car le coût de ce qui apparaît comme
un « forcing » désespéré pourrait être lourd de conséquences pour le pays mais
aussi pour lui…
20.03.2015
Lâches !
Antoine Kaburahe
20-03-2015
« Je vous salue nobles Bagabo (grands hommes), armés
de lances et de vertus », chantait le grand poète et écrivain burundais Michel Kayoya.
Et moi j’ai
envie d’écrire : « Je vous méprise vous petits Bagabo, uniquement armés de
lances mais point de vertus ». Vous qui vous attaquez aux femmes…
Parfois, même les sociétés criminelles adoptent un
code d’honneur et respectent les femmes et les enfants. Et quand un navire
sombre, les hommes évacuent les enfants et les femmes d’abord.
En quelques semaines les épouses de deux personnalités
importantes ont été victimes d’une tentative d’assassinat : madame Rwasa et
celle du général Niyombare.
S’attaquer à un homme politique comme Rwasa en
supprimant son épouse, quelle lâcheté ! Pire encore, cette exécution aurait pu
générer des violences graves dans la capitale, voire dans tout le pays.
Ne jouons pas avec le feu. Le Burundi, malgré
tout, reste un pays blessé. Il pourrait encore basculer dans la violence plus
vite qu’on ne le pense.
Soyez élégants : battez Rwasa dans les urnes et laissez son épouse se faire
belle dans un salon de coiffure…30-03-2015
L’heure est grave
Antoine Kaburahe
27-03-2015
Imperturbable, Pierre Nkurunziza continue sa route
vers le 3ème mandat. Contre vents et marées. Au début, plusieurs généraux
anciens des FDD, aux côtés de quelques civils, avaient rallié le mouvement
opposé au troisième mandat. Ils auraient été par la suite « approchés » et «
convaincus » par la présidence. Les mauvaises langues disent « achetés ».
Toujours est-il qu’ils sont devenus plus distants avec le mouvement du non.
L’aval ou tout au moins le silence des hommes en armes expliquerait cette
assurance du président.
Quid de la pétition lancée contre le troisième mandat.
Dans l’entourage du chef de l’Etat, on minimise son impact et, sanctions
directes et brutales aidant, on mise sur un « essoufflement du mouvement ».
Aujourd’hui, ce sont encore des luttes internes au
parti au pouvoir. C’est l’annonce officielle de la troisième candidature du
président qui risque d’être le moment critique.
Pour rappel, ceci n’est pas une vue de l’esprit : les
partis de l’opposition et la société civile ont déjà prévenu qu’ils descendront
dans la rue.
Que fera la police, l’armée, si effectivement des
centaines de milliers de citoyens hostiles au troisième mandat envahissent les
rues comme déjà annoncé? Si par malheur des manifestants étaient tués, la
situation pourrait devenir très vite incontrôlable.
On peut donc légitimement se poser la question de
savoir si un pouvoir peut imposer un mandat dans un bain de sang. L’heure est
grave.
Avant de terminer, permettez-moi de revenir sur
un événement qui s’est passé à Bubanza. Il y a quelques jours, le gouverneur de
cette province, signataire de la pétition contre le troisième mandat du
président, était pourchassé par des Imbonerakure, jusque chez lui.
Ces jeunes défilaient dans les rues de Bubanza,
au vu et au su de la police et des habitants médusés. Lorsque j’ai entendu
cela, j’étais partagé entre le rire et les pleurs. Je me suis souvenu que
j’avais écrit dans un éditorial qu’une « milice finit toujours par échapper à
ses concepteurs et devenir incontrôlable ». J’aurais aimé me tromper. Ce qui
s’est passé à Bubanza devrait interpeller tout le monde.
L’UE se prononce sur un autre
mandat de Pierre Nkurunziza
Edouard
Madirisha 06-03-2015
Alors que
l’Union Européenne demande au gouvernement burundais de tenir compte de
l’Accord d’Arusha sur la question d’un autre mandat de Pierre Nkurunziza,
Bujumbura réplique que cet accord n’est pas la Bible.
Patrick
Spirlet : « « Il est certain, dans notre analyse, que la candidature du
président actuel pour un 3ème mandat peut créer un certain nombre de tensions
et de risques. » ©Iwacu
« Il est certain, dans notre analyse, que la
candidature du président actuel pour un 3ème mandat peut créer un certain
nombre de tensions et de risques. C’est pour cela que nous avons lancé un appel
au gouvernement pour qu’il aborde cette question avec beaucoup de prudence. »
C’est en substance le message de l’Union Européenne au gouvernement de
Bujumbura, comme l’a indiqué Patrick Spirlet, délégué de l’UE au Burundi. Cela
ressort d’une rencontre entre cette délégation et les représentants du
gouvernement burundais à l’hôtel Roca Golf, à Bujumbura, ce jeudi 5 mars. Au
point du jour, des échanges sur l’état d’avancement du processus électoral, sur
la sécurité en général, sur certains dossiers des leaders politiques pendants
en justice, et la question de la candidature du président Nkurunziza aux
présidentielles de 2015. L’UE a recommandé que le gouvernement de Bujumbura
mette en avant l’Accord d’Arusha. « Les apports et l’esprit de l’Accord
d’Arusha sont très importants pour la réconciliation et la paix dans ce pays »,
a souligné M. Spirlet. Mais, a-t-il ajouté, l’UE se réserve, cependant,
d’interpréter les lois burundaises, puisque cela revient aux Burundais
eux-mêmes de débattre autour de ce mandat. « L’interprétation légale de cet
accord par rapport à la Constitution, ce n’est pas à nous de le faire en ce
moment-ci, c’est aux Burundais d’y répondre. Par contre, il nous semble
important que toute interprétation qui sera faite doive tenir compte des deux.
»
Pour la délégation de l’UE, le deuxième message en
rapport avec cette question a été d’analyser l’impact politique des décisions
qui seront prises. « Il faut que le gouvernement et le parti au pouvoir puissent
entendre toutes les voix qui s’expriment sur le sujet (…) En essayant de
favoriser une position, si pas consensuelle, mais en tout cas apaisée entre
tous les points de vue pour éviter que cette question détériore le climat
politique. »
« L’Accord d’Arusha
n’est pas la Bible ! »
Pour le ministre Laurent Kavakure, l’Accord d’Arusha
n’est pas l’Evangile ou la Bible ©Iwacu
« Pour nous, l’Accord d’Arusha ne doit en aucun cas
être considéré comme un texte inamovible, comme l’Evangile, comme la Bible » a
répliqué le patron de la diplomatie burundaise. « Il faut tenir compte de cet
accord, qui a été signé avec beaucoup de réserves, et les autres accords qui
ont été signés par après. Et surtout de la Constitution qui a été votée par
referendum », a insisté le ministre des Relations extérieures. Il a rassuré que
les Burundais sont prêts a sauvegarder la paix et la stabilité dans ce pays. «
Il nous revient, en tant que Burundais, de faire une appréciation correcte pour
que nous puissions sauvegarder la paix et la stabilité dans notre pays. Nous
pensons que c’est cela le facteur le plus important. »
Urgent | Déclaration de
l’Eglise catholique :
« C’est de l’artillerie lourde
»
Dans une
déclaration sans aucune ambiguïté, l’Eglise catholique du Burundi prend
clairement position contre un 3ème mandat du président Nkurunziza.
Les Evêques
de l’Eglise catholique ©Iwacu
La
déclaration en Kirundi est sortie dans la soirée de ce vendredi. Les huit
évêques catholiques du Burundi s’expriment clairement.
La déclaration en 12 point dont Iwacu a obtenu une
copie, demande, notamment en ses points 5 et 6, que les Accords d’Arusha soient
respectés : « Ijambo rikuru kandi ridafobetse Abarundi bemeranije, bakongera
bagapfundika, ni uko uwuramutse atowe akaba umukuru w’igihugu c’uburundi, uwari
we wese atorenza ibiringo bibiri vy’imyaka itanu »
Traduction : « La parole ( Ijambo, en kirundi peut signifier accord, convention) essentielle et claire, c’est que les Burundais se sont convenus que celui qui est élu pour être chef de l’Etat du Burundi, qui qu’il soit ne peut dépasser deux mandats de cinq ans »
L’Eglise catholique du Burundi réputée très réservée et « diplomate » a cette fois pris position.
Il y a quelques temps, l’archevêque de Gitega, Mgr Simon Ntamwana, une des voix respectées du Burundi, s’était opposé clairement contre un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza.
L’entourage de l’actuel chef de l’Etat avait minimisé
et évoqué , « une opinion personnelle de Mgr Ntamwana ».
Cette fois, la déclaration est signée par les huit prélats et doit être lue dans toutes les églises catholiques ce dimanche.
Sur cette prise de position de l’Eglise catholique, sous anonymat, un haut cadre du parti interrogé par Iwacu a lâché « c’est de l’artillerie lourde.»
A suivre.
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME
Célébration
de la journée internationale de la femme : les vendeuses de fruits à l’honneur
Nkurunziza Lyse
11-03-2015
Les vendeuses ambulantes de fruits et légumes ont partagé
un verre, à l’occasion de la journée internationale de la femme, célébrée le 8
mars, au Cercle universitaire, dans l’après-midi du 10 mars.
Les
vendeuses ambulantes fêtent aussi la journée internationale de la femme ©Iwacu
« Je suis contente de le faire car dimanche, je
n’avais pas de temps. Comme je ne suis membre d’aucune association, je n’ai pas
eu le privilège d’être invitée nulle part », confie l’une d’elles. C’est le cas
pour la majorité d’entre elles.
C’est la défenseuse des droits des femmes Pamella
Mubeza qui a pris l’initiative d’offrir un verre à ces dames. « Elles ont droit
de fêter cette journée comme les autres et d’avoir un peu de répit. Elles
passent des journées entières sous un soleil de plomb. Arrivées à la maison,
elles s’occupent des travaux ménagers. » Cette rencontre a rassemblé une
soixantaine de vendeuses venues de tous les coins de la capitale. Ce fut
l’occasion d’échanger sur les difficultés auxquelles elles font face au
quotidien en tant que femme et vendeuse. Elles ont évoqué la santé
reproductive, la contraception et l’autonomisation économique. Selon Pamella
Mubeza, ces femmes ont besoin de plus de sensibilisation en matière de
planification familiale. « La plupart sont en âge de procréer. Peu ont atteint
la trentaine, alors que certaines ont déjà plus de quatre enfants. Elles ne
sont pas conscientes que l’autonomisation des femmes passe aussi par une
régulation des naissances.»
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L’Union Africaine réservée sur
un éventuel nouveau mandat de Pierre Nkurunziza
Philippe
Ngendakumana 10-03-2015
Aisha Laraba
Abdullahi : « L’Union Africaine n’a pas encore arrêté une position sur la
question d’un éventuel mandat du président Nkurunziza. » ©Iwacu
A la sortie de son audience avec le président
Nkurunziza, ce lundi 9 mars, Aisha Laraba Abdullahi, commissaire chargée des
affaires politiques à l’Union Africaine, dit que l’organisation panafricaine
n’a pas encore arrêté une position sur la question d’une éventuelle candidature
du président Nkurunziza à sa propre succession. Elle se contente de dire que
l’UA suit de près cette question. Elle souligne que même le président
Nkurunziza ne s’est pas encore prononcé.
La commissaire signale qu’elle a fait le
déplacement à Bujumbura pour le suivi du processus électoral. Et d’ajouter : «
Je me félicite que le président de la République m’ait reçue. »
Signalons que sa visite intervient au lendemain
de la prise de position de l’Union Européenne et de l’ambassade des Etats Unis
au Burundi contre un éventuel nouveau mandat du président Nkurunziza.
10.03.2015
La paix et la réconciliation
ne relèvent pas de l’utopie!
Léandre
Sikuyavuga 10-03-2015
Fin février,
le réseau africain pour la paix, la réconciliation et le développement durable
(RAPRED-Girubuntu), en collaboration avec Afrokids-International, a réuni une
quarantaine d’invités, tous venus réfléchir sur le partenariat entre Baden
Würtemberg et le Burundi. Motivés par un partenariat pour la paix et la
réconciliation, tous les intervenants ont démontré que l’objectif est bel bien
réalisable. Petite plongée au cœur des interventions passionnantes.
Vue
partielle des participants. Premier, à gauche, père Déogratias Maruhukiro,
initiateur du RAPRED-Girubuntu
Il faisait beau, le 27 février dernier, à
Karlsruhe. L’hiver avait été clément, le soleil était au rendez-vous bien qu’il
soit attendu le 21 mars, date officielle de l’arrivée du printemps 2015. Ce qui
explique peut-être la participation massive du public issu de diverses origines
: Burundais, Rwandais Congolais, Ivoiriens, Français et bien évidemment des
Allemands. Les Burundais ont battu le record de la participation en nombre et
ont fait beaucoup d’efforts pour arriver à Karlsruhe. Depuis Liège (Belgique)
par exemple, d’où une délégation de 4 personnes du FNL était venue, il faut
compter pas moins de 1200 km aller-retour, une distance parcourue en un jour.
Bien que les routes soient bonnes, il fallait tout même être convaincu du bien-fondé
du projet du RAPRED-Girubuntu qui estime encore que la paix, la réconciliation
et le développement durable sont intimement liés. Même au Burundi où les
efforts semblent actuellement voués à l’échec.
Dans leurs conférences, certaines personnalités
ont exprimé leur souhait de voir se développer un partenariat entre le Burundi
et Baden Würtemberg.
C’est le cas de Steffen Groß, pour qui il y a de
fortes chances pour que le partenariat entre les deux pays soit davantage
renforcé. Avis favorable également pour Madame Inge Auer qui a parlé du
partenariat entre l’archidiocèse de Freiburg et l’Eglise catholique du Peru.
Pour elle, le partenariat concerne d’abord la rencontre des personnes et non
les intérêts matériels. Et de souligner combien le partenaire riche a aussi
beaucoup à recevoir du partenaire moins riche matériellement.
Pour le P. Déogratias Maruhukiro, initiateur du
RAPRED-Girubuntu, l’engagement du Sanctuaire de Mont Sion pour la Paix au
Burundi a été une expérience enrichissante, même s’il risque d’être sapé par
d’éventuels dangers que courent le Burundi avant et après les élections de
2015. Il a formulé les vœux de voir le partenariat entre Baden Würtemberg et le
Burundi s’engager pour la promotion de la paix et la réconciliation.
Ce beau projet de RAPRED-Girubuntu, destiné à
conduire les pays africains vers paix et la réconciliation, a été réalisé grâce
au financement du gouvernement de Baden-würtemberg. Si les invités attendus ont
répondu présent à l’invitation, il faut reconnaître que l’absence de
l’ambassadeur du Burundi en Allemagne a été vite remarquée. Mais il s’était
excusé parce qu’il devait préparer une grande réunion à Berlin, la capitale de
l’Allemagne.
Le RAPRED-Girubuntu dit avoir un rêve d’une
Afrique paisible et prospère, un continent réconcilié avec lui-même. Le réseau
voudrait participer à la sensibilisation pour la paix et le développement dans
les pays Africains, ceci pour la mise en place d’une base solide de maintien de
la paix. Le réseau veut aussi promouvoir la recherche dans différents domaines,
des cadres d’apprentissage et de sensibilisation pour la promotion de la
culture de paix.
A travers les recherches, les séminaires et diverses formations, deux
principales voies seront privilégiées : la famille et l’école.
A travers la famille, un accent particulier sera
mis sur le rôle de la femme. En Afrique les femmes sont le cœur de l’éducation
des enfants ; les impliquer dans l’éducation à la paix, et à la réconciliation
pourrait contribuer à promouvoir une nouvelle culture de paix et de
réconciliation dans les sociétés déchirées par les divisions de tout genre.
L’école sera aussi la voie privilégiée du
RAPRED-Girubuntu. Le réseau voudrait prolonger son engagement dans l’éducation
à la paix et à la réconciliation dans le domaine de l’enseignement de base et
de l’université. Sur la base de recherches et d’études, on tentera de
développer des modules de formation sur l’éducation à la paix et à la
réconciliation adaptés au secteur de l’enseignement primaire. Le RAPRED-Girubuntu
voudrait aussi s’engager et participer dans la mise en œuvre d’un projet de
création d’un institut d’étude et de recherche pour la paix, la réconciliation
et le développement durable en collaboration avec des universités intéressées.
Plus de renseignements: http://www.rapred-girubuntu.org
Makamba : la Cntb, source
d’insécurité ?
Christian
Bigirimana et Dieudonné
Hakizimana 11-03-2015
Les
habitants des communes Nyanza-lac, Kibago, Vugizo et Mabanda contestent les
décisions de la Cntb, depuis deux semaines. Ils ont bloqué l’accès à ses
agents, fin février. La tension y est toujours palpable.
La route
Buheka-Vugizo était barrée par la population à l’aide des troncs d’arbre ©Iwacu
Désormais, la population de Makamba est entrée en
opposition avec les membres de la Cntb. Au centre Buheka, en commune
Nyanza-lac, de grosses pierres et des troncs d’arbres longent la route
Buheka-Vugizo. « C’est pour bloquer le passage du personnel de cette commission
», lance un habitant de la place. A l’arrivée de toute personne étrangère,
hommes, femmes et enfants viennent spontanément de tous les coins pour qu’elle
ne se fraye pas un passage. Cette population veut se rassurer s’il ne s’agit
pas d’un membre de la Cntb.
«Les problèmes ethniques n’existent plus. Seul la Cntb
veut nous diviser et monter les rapatriés contre les résidents », lâche avec
colère Capitoline Karenzo, 43 ans, mère de cinq enfants.
elon ses dires, cette veuve arrive sur la colline
Buheka en 1984. Son mari achète un terrain à une certaine Séraphine
Barakamfitiye.
En 1992, les descendants d’un certain Albert
Ntiranyibagira reviennent de la Tanzanie et réclament la parcelle. Ils exigent
une partie du terrain à Séraphine Barakamfitiye et une autre à Capitoline
Karenzo. Celles-ci s’exécutent. Le partage est équitable.
Le nœud du problème
En 1998, un certain Chadrack Sabuwanka, frère
d’Albert, arrive également sur les lieux et demande la même chose que son
frère. Séraphine Barakamfitiye et Capitoline Karenzo acceptent encore une fois
de partager le peu de terre qui leur reste.
Le 15 février 2015. Alors que Capitoline Karenzo
et ses travailleurs s’occupent des travaux champêtres, l’ordre leur est donné
par un certain Mitaya, fils de Chadrack Sabuhwanka, d’arrêter tout et de
déguerpir. « Il était accompagné par plusieurs membres de sa famille et ils
étaient armés de machettes », témoigne Capitoline Karenzo.
Mitaya exhibe alors des documents de la Cntb qui prouvent que Capitoline Karenzo a été chassée de sa propriété. Or, d’après elle, la Cntb s’est rendue à cinq reprises dans sa propriété et lui a dit que le terrain lui appartenait. « Les responsables de la Cntb m’ont même dit de ne plus me présenter à la commune sur convocation de Mitaya. »
La justice saisieMitaya exhibe alors des documents de la Cntb qui prouvent que Capitoline Karenzo a été chassée de sa propriété. Or, d’après elle, la Cntb s’est rendue à cinq reprises dans sa propriété et lui a dit que le terrain lui appartenait. « Les responsables de la Cntb m’ont même dit de ne plus me présenter à la commune sur convocation de Mitaya. »
Après cet incident, Capitoline Karenzo porte
plainte auprès de l’administrateur communal de Nyanza-lac. L’administrateur la
renvoie auprès d’un officier de police judiciaire car, explique-t-il, lorsqu’il
y a coups et blessures et présence d’armes blanches, l’affaire relève de la
police. Entre-temps, indique Capitoline Karenzo, l’oncle de Mitaya et un
certain Gaparata, un autre rapatrié, sont convoqués par un Opj. Tous donnent
raison à la veuve.
L’Opj ne se fait pas prier et demande aux agents
de la police de capturer Mitaya et ses acolytes. « Un certain Jackson, qui se
fait passer pour le représentant des rapatriés à Buheka, s’est opposé au
travail de la police et a empêché l’arrestation de toutes ces personnes. »
Toutefois, l’Opj donne la permission à Capitoline Karenzo de continuer ses
activités champêtres. Ce qu’elle fait jusqu’au 21 février 2015.
Mardi 24 février, des agents de la Cntb
accompagnés par 11 policiers et un agent du service national des renseignements
à Nyanza-lac débarquent vers 7h sur la colline Buheka. Ils expliquent à la
population qu’ils veulent mettre en exécution des jugements rendus par la Cntb
en aveur des rapatriés.
La
population résiste
Elias
Ngendakuriyo : « Toute la population est contre les décisions de la Cntb, alors
qu’elle devrait travailler pour nous. » ©Iwacu
Les habitants des collines Buheka et Kiderege, munis
de gourdins et machettes, bloquent la route Buheka-Vugizo avec des pierres et
des troncs d’arbres, empêchant l’accès aux agents de la Cntb. La tension est à
son paroxysme. La tentative d’arrêter Elias Ngendakuriyo, un résident qui
s’oppose à l’exécution des jugements de la Cntb, met le feu aux poudres. Alors
qu’il est roué de coups par des policiers qui l’obligent à monter dans leur
camionnette, ces derniers essuient des jets de pierres par la population
déchaînée. Celle-ci demande aux policiers de montrer un mandat d’arrêt contre
Elias Ngendakuriyo.
Le chef de poste sort son pistolet et menace de tirer
si la foule ne se disperse pas. Celle-ci oppose une résistance. Le chef de
poste tire alors un coup de feu. Les agents de la police tirent deux coups de
feu dans le tas. Heureusement personne n’est touché. Des jets de pierres visant
les policiers viennent de partout. Les agents de la Cntb et les policiers
fuient les lieux sans emmener Elias Ngendakuriyo. « Ces policiers ont déchiré
tous mes vêtements, mais n’ont pas réussi à m’embarquer grâce au courage de la
population », dit-il soulagé.
Selon lui, il existe un plan de la Cntb de chasser
tousles résidents de leurs propriétés au profit des rapatriés. Et d’ajouter
qu’un agent de la Cntb, deux policiers et Ndarurinze, chef de la colline Magege
en commune Vugizo, ont envahi sa propriété foncière dans la matinée du 23
février et y ont installé une tente. « Lorsque j’y suis arrivé, ils m’ont
aider ces rapatriés à récupérer leurs propriétés en intégralité », témoignent
nos sources. Selon nos informations, ces rapatriés donnent une somme comprise
entre 100 et 500 mille Fbu. Ces habitants affirment qu’aucune décision de la
Cntb ne sera plus exécutée.
Pour lui, un résident ne devrait pas tout perdre au profit d’un
rapatrié. « Nous devons partager équitablement ou mettre en place un
fonds d’indemnisation pour les acquéreurs de bonne foi. » Cependant,
Martin Bukuru nuance : « Les résidents ayant annexé leurs parcelles à
celles des voisins qui avaient quitté le Burundi doivent remettre en
totalité ces terrains aux vrais propriétaires. »
Enock Sayinzoga n’y va par quatre chemins : « La Cntb n’est là que
pour protéger les intérêts des rapatriés. » Pour lui, la commission
digère mal le fait que les habitants de Buheka et de Nyanza-lac veulent
partager leurs propriétés. « Puisqu’elle veut nous expulser, nous
espérons qu’elle a prévu où nous installer ainsi que le système
d’indemnisation. Dans le cas contraire, nous sommes prêts à verser notre
sang. »
D’après les habitants de Buheka, un certain Jackson collecte de
l’argent pour le compte des agents de la Cntb. « Il s’agit d’un réseau
composé de Gaparata, chef des rapatriés au niveau de la commune
Nyanza-lac, Jackson, chef des résidents au niveau de la zone
Kazirabageni, Kidorogo et Gaseke. » La mission de ce groupe, confient
nos sources, est de collecter des fonds auprès des rapatriés qui ont
accepté de partager leurs terrains avec les résidents du temps de l’abbé
Astère Kana. « Ils font savoir qu’ils vont aider ces rapatriés à
récupérer leurs propriétés en intégralité », témoignent nos sources.
Selon nos informations, ces rapatriés donnent une somme comprise entre
100 et 500 mille Fbu. Ces habitants affirment qu’aucune décision de la
Cntb ne sera plus exécutée.
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Campagne
contre la vie chère : les membres vont porter plainte contre le Burundi
Elvis Mugisha
12-03-2015
Tharcisse
Gahungu n’y va pas par quatre chemins : « La plainte sera déposée d’un moment à
l’autre au comité de la liberté syndicale de l’organisation internationale du
travail. »
Tharcisse Gahungu : «Nous allons porter plainte contre
le gouvernement burundais qui menace les travailleurs qui ont fait la grève. »
©Iwacu
Il souligne qu’une copie sera réservée au
ministre de la Fonction publique pour le compte du gouvernement. Ce président
de la Cosybu explique que les membres de la coalition s’insurgent contre le
harcèlement et les intimidations à l’endroit de ceux qui ont participé au
mouvement de grève générale. «Nous nous inscrivons également en faux contre la
violation des droits syndicaux par certains membres de l’administration et du
gouvernement. »
Tharcisse Gahungu donne l’exemple du directeur
général de la Mutuelle de la fonction publique : « Il a écrit beaucoup de
lettres de demande d’explication aux travailleurs ayant observé un mouvement de
grève. » Le président de la Cosybu parle d’une procédure déjà entamée pour des
sanctions administratives illégales par ce directeur général.
A Rumonge, indique-t-il, une action disciplinaire
est déjà ouverte contre une femme qui dirige le comité syndical ainsi que celui
du lycée du lac Tanganyika. Pour les gens de l’économie informelle, Tharcisse
Gahungu fait savoir que les commerçants de Ruziba ont été sanctionnés : « Même
les chauffeurs des bus travaillent la peur au ventre. »
Ce mardi 10 mars 2015, ce Collectif contre la vie
chère regroupant 1300 organisations et confédérations syndicales a adressé une
correspondance au président de la République. Elle lui demande de mettre fin à
ces sanctions et rappelle aussi leurs revendications. Le Collectif contre la
vie chère fait savoir que d’autres mesures conformes à la loi seront prises si
elle ne reçoit pas de réponse de la part du président Nkurunziza.
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13.mars. 2015
Opinion| La
politique de la terre brûlée du CNDD-FDD à l’approche des élections de 2015
La Rédaction
13-03-2015
Par Gervais
Marcel Cishahayo
Le président Nkurunziza Pierre et son parti CNDD-FDD
sont confrontés à une opposition fragmentée mais résolue, une société civile
déterminée et une communauté internationale de plus en plus ferme.
Acculé de toutes parts, et incapable de
contempler de quitter (ou garder) le pouvoir à travers des élections
compétitives réellement démocratiques le parti CNDD-FDD fait des fuites en
avant et fait planer le spectre de la violence pour forcer un troisième mandat
présidentiel de Pierre Nkurunziza, ou à défaut, une victoire à tous prix pour
son parti.
Alors que le multipartisme est légalement reconnu
au Burundi, une frange de jusqu’au-boutistes au sein du parti CNDD-FDD au
pouvoir semblent plus ne pas vouloir comprendre qu’avoir compris que
l’alternance au pouvoir à l’issue d’élections régulières libres est une des
caractéristiques principales de la gouvernance démocratique pour laquelle le
Burundi a opté avec la signature des accords d’Arusha et l’adoption de la
Constitution du 18 mars 2005.
A tort ou à raison, des irréductibles au sein du
pouvoir croient ou perçoivent qu’ils ont tout à perdre et s’adonnent à des
pratiques antidémocratiques répressives et de culte de la personnalité
caractéristiques du système politique de parti unique. Cette politique que
certains n’hésitent pas de qualifier de « terre brulée » au mépris de la
quasi-unanimité nationale (voire internationale) contre un éventuel troisième
mandat présidentiel du président actuel Pierre Nkurunziza et le maintien forcé
au pouvoir du parti CNDD-FDD suscite beaucoup d’inquiétudes au Burundi, dans la
région des Grands lacs en Afrique et au-delà.
Les récents remaniements effectués notamment à la
tête des services de sécurité et d’autres postes sensibles de l’administration,
l’évasion spectaculaire de Hussein Rajabu, les dossiers régulièrement dévoilés
et décriés dans les médias ne font qu’accentuer le malaise au sein d’une
population qui a du mal à se remettre des séquelles de plus de quinze ans de
guerre civile, une gouvernance gangrénée par les vices de toutes sortes et une
pauvreté qui ne dit pas son nom.
Tandis que l’opposition politique et la société
civile (même fragmentées) se sont déjà exprimées unanimement contre un tel
mandat, pour ne citer qu’un exemple, ce dimanche 08 Mars 2015, la puissante et
influente église catholique du Burundi a transmis un message unanime clair dans
ce sens à ses fidèles. La grogne est perceptible même au sein du parti au
pouvoir.
Discrétion professionnelle oblige, le langage
diplomatique délibérément mesuré et/ou parfois ambigu entretenu par certaines
chancelleries des partenaires régionaux et internationaux du Burundi continue à
faire croire aux ténors et inconditionnels d’un troisième mandat du Président
Nkurunziza et du parti CNDD-FDD qu’ils peuvent brader l’opinion nationale et
internationale. Certains soupçonnent même des forces de l’ombre d’être derrière
cette attitude du pouvoir.
Les Nations Unies à travers son Conseil de
sécurité et la MNUB (ex-BNUB) ont investi des ressources considérables
(matérielles, humaines, temps) pour faire (des élections de 2015) du Burundi un
modèle d’une transition post-conflit réussie vers l’établissement d’un état de
droit et d’une bonne gouvernance démocratique. Cependant ces efforts risquent
de souffrir des tares inhérentes aux contradictions (divergences de vues,
d’approches, des priorités et) des intérêts géopolitiques des grandes et
moyennes puissances de ce monde au sein même de ce Conseil.
En effet par exemple, si la position officielle
des partenaires principaux du Burundi tels que les USA et l’UE a été exprimée
diplomatiquement contre un troisième mandat présidentiel qui ne respecterait
pas les Accords d’Arusha et la Constitution qui en émane, celle des autres
membres du conseil de sécurité tels que la Fédération Russe et la Chine restent
moins connues et risquent de suggérer des interprétations les plus
controversées. En plus d’une pression interne effective, une position
collective du conseil de sécurité articulée dans ce sens pourrait infléchir la
position du président actuel et les irréductibles de son parti pour abandonner
leur approche catastrophiste et accepter d’appliquer sans malice, les règles
établies du jeu démocratique.
Pour une certaine opinion, malgré les efforts
entrepris pour apporter des corrections aux défaillances du processus
d’enrôlement des électeurs que l’opposition taxe de manœuvres frauduleuses, les
élections sont déjà sérieusement compromises à cause de la confection d’un
fichier électoral de référence basé sur l’octroi de cartes d’identité ouvert
aux abus de toutes sortes comme cela a été démontré et documenté. Sous d’autres
cieux, dans un souci d’assainir le climat politique actuellement vicié, un tel
enrôlement aurait été purement et simplement annulé ; la CENI, les CEPI et les
CECI auraient été dissoutes et reconstituées pour les rendre plus
représentatives de toutes les forces politiques, la société civile et les
partenaires sociaux.
Au-delà de la manipulation des partis politiques
et tous les forfaits et les tares dont le pouvoir peut être accusé à tort ou à
raison, l’utilisation des corps de défense et de sécurité et l’appareil
judiciaire pour mener une persécution systématique des leaders et des membres
des partis politiques les plus crédibles membres ou non des coalitions
notamment le FNL d’Agathon Rwasa, le MSD d’Alexis Sinduhije, le CNDD de Léonard
Nyangoma, UPD Zigamibanga, etc… engendre un malaise généralisé perceptible à
travers tout le pays. Les Barundi digèrent mal les exécutions, les injustices,
les persécutions de toutes sortes et la corruption endémique qui leur
rappellent les régimes du passé.
En capitalisant sur la domination par son parti
de l’administration et des forces de défense de sécurité en plus de sa milice
militarisée « Imbonerakure », le parti CNDD-FDD risque de pécher par excès et
d’être pris dans son propre piège. En effet, même si la problématique ethnique
persiste, elle a évolué tant au niveau régional que national où l’antagonisme
ethnique est maintenant dédoublé de compétition politique intra-ethnique. Sur
la scène politique beaucoup s’accordent pour reconnaître que chaque parti pris
séparément, même s’il n’est pas reconnu par le ministre de l’intérieur et ne
peut donc pas mener légalement ses activités, le FNL d’Agathon Rwasa est
indubitablement le challenger principal du CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza et que
sa coalition avec d’autres partis de l’opposition améliorerait davantage ses
chances de succès aux prochaines élections.
Après quinze ans de guerre interethnique
polarisée entre Hutus et Tutsi, d’une part, les barundi ne sont pas facilement
motivés pour une guerre intra-ethnique (entre hutus ou entre tutsi). D’autre
part, sous les pressions d’une opposition politique même fragmentée, une
société civile déterminée dans un contexte d’une situation économique catastrophique
défavorable et des partenaires nationaux et internationaux de plus en plus
impatients, une approche de forcing politique et de terre brûlée risque d’être
suicidaire pour une formation politique qui aura ainsi dépensé, en si peu de
temps, son capital politique considérable à l’issue des premières élections de
2005 après les Accords d’Arusha.
Gervais
Marcel Cishahayo est un membre de la diaspora burundaise depuis la fin des
années 1970 et établi à Malte, UE. Professeur, consultant sur les questions
relatives à l’éducation, la géophysique, les NTICs, la diplomatie et les
relations internationales, il est l’auteur d’articles d’analyses et de
contributions diverses dans les médias sur l’immigration, la sécurité et
l’intégration régionale. Avocat de la bonne gouvernance démocratique bien connu
des milieux politiques et académiques et n’ayant jamais adhéré officiellement à
aucun parti depuis les années 1980s, il est l’auteur d’une thèse d’analyse de
la dimension de la sécurité de la Communauté Economique des Pays des Grands
Lacs (CEPGL) présentée à l’Académie Méditerranéenne d’Etudes Diplomatiques de
l’Université de Malte.
13.03.2015
3ème mandat
du président Nkurunziza : la société civile tire la sonnette d’alarme
Dieudonné
Hakizimana 13-03-2015
Cette fois-ci, les organisations de la société civile
regroupées dans la campagne « Halte au 3ème mandat » se tournent vers le
Conseil de sécurité des Nations unies.
Ces responsables des organisations de la société
civile espèrent que la délégation du Conseil de sécurité va amener le président
Nkurunziza à renoncer au 3ème mandat ©Iwacu
Dans une correspondance adressée à la délégation
de ce Conseil en visite au Burundi, ces organisations rappellent que Pierre
Nkurunziza n’est pas éligible pour le 3ème
mandat.
Au nom des membres de cette campagne, Pierre
Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, attire l’attention de la délégation sur
les probables violences électorales : « Nous insistons sur le climat de
tension, voire délétère, qui monte d’un cran autour d’une éventuelle
candidature de Pierre Nkurunziza. »
Mbonimpa trouve que cette visite s’inscrit dans
l’appui des Nations unies au bon déroulement des élections au Burundi. Au nom
de ces associations, le président de l’Aprodh exprime sa préoccupation au
regard de l’intransigeance de ceux qui soutiennent Pierre Nkurunziza dans sa
course vers le 3ème mandat. « Des mouvements affiliés au Cndd-fdd, dont les
Imbonerakure, sont à pied d’œuvre en préparant des contre-manifestations. »ommencé
le 26 janvier 2015. Selon eux, l’objectif est d’éviter aux Burundais les
travers du passé, comme la crise de 1993.
Ces associations demandent à la délégation des
Nations unies d’adresser un message clair au président de la République sur le
caractère illégal du 3ème mandat. Elles lui demandent aussi d’amener le
gouvernement à assurer la protection effective de tous ceux qui expriment
pacifiquement leur position contre le nouveau mandat de l’actuel président et
de continuer à soutenir le Burundi.
De son côté, Armel Niyongere, président de
l’Acat, s’inquiète des allégations faisant état d’une mise en place d’un
dispositif de répression sanglante contre tous ceux qui s’opposeraient au 3ème
mandat de Nkurunziza.
Janvier Bigirimana, secrétaire général du Focode
et Godefroid Manirambona, président de l’OAG, rappellent que cette campagne a commencé
le 26 janvier 2015. Selon eux, l’objectif est d’éviter aux Burundais les
travers du passé, comme la crise de 1993.
Ces associations demandent à la délégation des
Nations unies d’adresser un message clair au président de la République sur le
caractère illégal du 3ème mandat. Elles lui demandent aussi d’amener le
gouvernement à assurer la protection effective de tous ceux qui expriment
pacifiquement leur position contre le nouveau mandat de l’actuel président et
de continuer à soutenir le Burundi.
Tirs de barrage
Depuis quelques jours, des partenaires du Burundi, et
pas des moindres, sortent de plus en plus de leur réserve pour se prononcer
contre un 3ème mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza. Les partisans de la
reconduction du président de la République font la sourde oreille.
Première salve
Mgr Evariste Ngoyagoye : « les Burundais ont convenu
sans aucune ambigüité que toute personne élue pour diriger le Burundi ne peut
aller au-delà de deux mandats de cinq ans chacun. » ©Iwacu
Le premier tir sur les ambitions présidentielles
de Pierre Nkurunziza est lancé le 27 février 2015 par David Gilmour,
vice-secrétaire d’Etat américain, Washington DC. La déclaration est à la limite
de la réserve diplomatique: » Nous espérons que les déclaration est à la
limite de la réserve diplomatique: » Nous espérons que les élections
présidentielles honoreront les Accords d’Arusha, y compris ses dispositions
sans équivoques concernant les limites des mandats de l’exécutif (…) Le texte
des Accords d’Arusha est sans équivoque indiquant que nul ne peut exercer plus
de deux mandats présidentiels. »
Le diplomate reconnaît que la Constitution du
Burundi « pourrait être interprétée comme autorisant un troisième mandat pour
le président actuel; un troisième mandat serait manifestement contraire aux
Accords d’Arusha, les affaiblirait, et mettrait en péril la paix et la
stabilité pour lesquelles les Burundais ont si durement travaillé. »
L’Union européenne dégaine
L’Union européenne dégaine
Le jeudi 5 mars 2015, à Bujumbura, l’Union
européenne flingue à son tour. Patrick Spirlet, explique : « Il est certain
que, dans notre analyse, la présentation pour un troisième mandat du président
actuel peut créer un certain nombre de tensions et présenter un certain nombre
de risques. C’est pour ça que nous avons fait un appel au gouvernement pour
qu’il aborde cette question avec beaucoup de prudence en essayant de favoriser
une position si ce n’est consensuelle, en tout cas apaisée entre tous les
points de vue pour éviter que cette question détériore le climat politique(… )
»
Entre les lignes, on comprend bien que l’UE n’est
pas chaude pour que le président Nkurunziza rempile. Mieux l’UE ne jure que par
les Accords d’Arusha : « Les apports et l’esprit de l’Accord d’Arusha sont très
importants pour la réconciliation et la paix dans ce pays (…) L’interprétation
légale de cet accord par rapport à la Constitution, ce n’est pas à nous de le
faire en ce moment-ci, c’est aux Burundais d’y répondre. Par contre, il nous
semble important que toute interprétation qui sera faite doive tenir compte des
deux » prévient Patrick Spirlet, le délégué de l’Union européenne au Burundi.
La messe est dite par l’Eglise catholique
Réputée réservée, « trop diplomate », l’Eglise
catholique du Burundi a même été accusée d’être « l’Eglise du silence » lors
des différentes tragédies vécues par le Burundi. Mais cette fois, la langue de
bois a été laissée à la sacristie. Le vendredi 6 mars 2015, Mgr Evariste
Ngoyagoye, archevêque de Bujumbura, vice-président de la Conférence des évêques
catholiques du Burundi, lâche : « Après analyse de l’Accord de paix d’Arusha et
de la Constitution qui en est issue, en interrogeant notre coeur comme des
citoyens qui aiment leur pays et comme des bergers de l’Eglise(…) nous disons
que les Burundais ont convenu sans aucune ambigüité que toute personne élue
pour diriger le Burundi ne peut aller au-delà de deux mandats de cinq ans
chacun (…)
L’intéressé appréciera mais, pour « le changement
», les pasteurs demandent même à leurs ouailles « des prières qui vont durer
neuf jours, du 13 au 21 mars 2015, pour demander à notre seigneur Jésus qu’il
donne au Burundi une alternance au sommet dans la sérénité et la paix, à
travers des élections transparentes. »
« Pas de troisième mandat pour le président
Nkurunziza », tel est le message qui sous tend les trois déclarations. Il ne
faut pas être expert en analyse politique pour décoder le message que l’on
retrouve en filigrane dans les trois déclarations. Pour les Etats-Unis c’est
évident, l’Union européenne a juste mis une petite touche diplomatique dans sa
déclaration et, enfin, l’Eglise catholique a dit et assumé, sans mettre des
gants, ce qui est inhabituel, son opposition à un troisième mandat du président
Nkurunziza.
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CNDD-FDD, l’heure des purges a
sonné
Antoine Kaburahe
25-03-2015
Vous êtes contre le 3ème mandat du président
Nkurunziza, désormais la réponse est connue. Rapide. Mécanique. Vous êtes exclu
du parti.
Léonidas
Hatungimana ©Iwacu
Tous ceux qui se mettent en travers du 3ème mandat de
Pierre Nkurunziza savent à quoi s’en tenir. Le talentueux Onésime Nduwimana,
porte-parole du parti, grand débatteur, toujours prêt à défendre le CNDD-FDD
dans les débats sur les médias. Viré.
Hatungimana Léonidas, longtemps porte-parole du
président, l’homme qui a passé une grande partie de sa vie dans le maquis, il y
laissera même un bras. Viré.
Huit autres militants respectés du parti sont également chassés. Dans le communiqué en kirundi, ils sont affublés du terme « Abagumutsi » ( Dissidents )
Huit autres militants respectés du parti sont également chassés. Dans le communiqué en kirundi, ils sont affublés du terme « Abagumutsi » ( Dissidents )
D’après un bon connaisseur du parti interrogé par
Iwacu, au niveau du CNDD-FDD, trois camps se dessinent : « il y a ceux qui,
pour des raisons diverses, soutiennent le président, ensuite ceux qui ont fait
le choix de s’opposer au troisième mandat et qui acceptent les risques et,
enfin, ceux qui, pour le moment se taisent et observent. »
Notre source indique que le camp présidentiel est dans
une très mauvaise posture carceux qui ne disent rien ne sont pas nécessairement
pour un troisième mandat. « L’entêtement du président Nkurunziza pourrait
coûter cher au parti, jusque-là uni » analyse-t-on encore au CNDD-FDD.
Onésime
Nduwimana ©Iwacu
Les dix membres du parti virés aujourd’hui font partie
de la liste des 17 signataires de la lettre qui demandait au président de ne
pas se représenter pour un troisième mandat. « Pour les autres, les sept qui
restent, leur cas est encore à l’étude », indique une source bien informée. On
peut déjà imaginer le sort qui leur est réservé…
Au CNDD-FDD, jusqu’ici, le non au troisième mandat était prononcé timidement, dans certains cercles. Depuis quelques jours, un pas a été franchi. Des militants assument ouvertement leur opposition. La parole se libère, dit un ancien député, heureux. « Virer les gens parce qu’ils expriment une opinion contraire non seulement ce n’est pas démocratique mais ce n’est même pas une solution. C’est une fuite en avant qui va grossir le nombre des mécontents », conclut notre source.
Au CNDD-FDD, jusqu’ici, le non au troisième mandat était prononcé timidement, dans certains cercles. Depuis quelques jours, un pas a été franchi. Des militants assument ouvertement leur opposition. La parole se libère, dit un ancien député, heureux. « Virer les gens parce qu’ils expriment une opinion contraire non seulement ce n’est pas démocratique mais ce n’est même pas une solution. C’est une fuite en avant qui va grossir le nombre des mécontents », conclut notre source.
Troisième
mandat : la section de l’Adc Ikibiri à l’étranger craint une éventuelle
répression sanglante
Ngabire Elyse
27-03-2015
Au nom de la coordination à l’étranger de l’Adc
Ikibiri, Pancrace Cimpaye saisit Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations
unies, pour dénoncer la préparation des massacres à grande échelle au Burundi à
travers l’armement des milices Imbonerakure.
Pancrace Cimpaye : « La menace des massacres de la
grande majorité des Burundais qui refusent le mandat du président sortant est
plus que réelle et les préparatifs vont bon train. » ©Iwacu
« De hauts responsables politiques et militaires
proches du président de la République sont en train de distribuer des armes à
la milice Imbonerakure à travers tout le pays », déclare Pancrace Cimpaye,
coordonnateur de l’Adc Ikibiri à l’étranger. Selon lui, certains proches
collaborateurs de l’actuel président de la République ont pris l’option de
préparer une répression sanglante contre tout opposant au mandat detrop de
l’actuel président de la République.
En témoigne, explique M. Cimpaye, la mise en
place d’une rébellion à Makamba, au sud du pays, par le lieutenant général
Adolphe Nshimirimana, ancien patron du Service National des Renseignements
(SNR) et bras droit de M. Nkurunziza.
De plus, Pancrace Cimpaye pointe du doigt le
général major Prime Niyongabo, chef d’Etat-major général de l’armée : « Les 21
et 23 février, il a tenu une réunion à l’endroit des commandants d’unité et de
régions militaires où il leur recommandait de tirer sur tous les manifestants
qui descendront dans la rue pour protester. »
Des menaces et des intimidations
Selon le coordonnateur de l’Adc à l’étranger, les
propos d’Adolphe Nshimirimana, le 7 mars, devant une foule de miliciens
Imbonerakure ne rassurent pas : « De gré ou de force, le président Nkurunziza
sera candidat. Personne d’autre n’a les compétences de diriger le Burundi pour
le moment… C’est impossible qu’il ne soit pas candidat. A moins que nous soyons
tous morts. »
M. Cimpaye craint, en outre, pour la sécurité de
certains responsables politiques de la majorité présidentielle qui ont eu le
courage de dire non au troisième mandat : « Après leur limogeage, le pouvoir
est en train de leur retirer des unités qui assuraient jusque-là leur sécurité.
» D’après Pancrace Cimpaye, autant dire que c’est une campagne de purge et
d’intimidation qui est en cours.
Le danger, explique M. Cimpaye, c’est que cette
campagne de distribution d’armes et cette promesse d’un bain de sang des
officiels s’opère dans un pays où les institutions sont déstructurées à la
suite d’une fronde interne à la majorité présidentielle. « Le chef de l’Etat,
de plus en plus isolé ou minorisé par cette fronde qui ne cesse de grandir,
peine à assurer la cohésion de toutes les institutions de la République en
débandade, y compris son propre gouvernement. »
En l’absence de la cohésion des institutions,
remarque-t-il, dans un pays qui sort à peine d’un conflit armé, et où la milice
Imbonerakure est érigée en une force de déstabilisation, les nouveaux responsables
du pays vont être ces miliciens sans foi ni loi.
Des sanctions
La menace des massacres de la grande majorité de
Burundais qui refusent ce mandat du président sortant, avertit Cimpaye
Pancrace, est plus que réelle car les préparatifs vont bon train et à une
allure inquiétante. Pour ce faire, il supplie les Nations unies, bouclier de la
paix et de la stabilité, de prendre toutes les mesures qui s’imposent afin
d’arrêter cet « holocauste ».
En outre, il recommande que la milice
Imbonerakure soit démantelée, la population civile désarmée et que des
sanctions soient prises contre les responsables politiques, militaires et
policiers impliqués dans ce plan macabre.
Au gouvernement, Pancrace Cimpaye précise qu’un embargo sur les armes doit lui être imposé. Et de demander la redéfinition des missions dévolues à la Représentation des Nations Unies au Burundi : « De ce fait, le démantèlement de cette milice Imbonerakure ainsi que le désarmement de la population civile devraient rentrer dans les attributions et les priorités du Bureau des Nations Unies au Burundi. » De la même manière, analyse-t-il, cette mission des Nations unies devrait avoir le droit d’imposer un dialogue entre les acteurs politiques autour de la problématique des élections inclusives, apaisées, crédibles et démocratiques au Burundi.
Interrogé sur ces accusations, le lieutenant
général Adolphe Nshimirimana a assuré à nos collègues de la Radio Publique
Africaine qu’il n’est pas au courant de ce qui se prépare à Makamba.
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