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dissabte, 4 d’abril del 2015

IWACU (2)














« Je vous ai compris »
  Antoine Kaburahe   03-04-2015   
    
Chaque camp pense à ce moment. Cette date que tout le monde attend avec une certaine angoisse. Dans les médias, lors de tous les discours, chaque camp affirme, répète à l’envi sa détermination. « Nous serons nombreux à descendre dans la rue pour dire non au 3ème mandat », clament l’opposition et la société civile dont certains leaders n’hésitent pas à dire qu’ils seront à la tête d’une marche « au finish », prêts à verser leur sang s’il le faut.
Et les ex-combattants de rétorquer qu’ils seront là pour combattre par tous les moyens tous ceux qui se mettront en travers de la route de « leur » candidat.
Tic tac tic tac. L’heure tourne, inexorablement. Les positions sont chaque jour plus tranchées. Radicales. Ceux qui ne sont pas avec Lui, le président, sont contre lui et traités comme tel : ils perdent leurs postes, leurs gardes, voire leurs passeports…
Au Cndd-Fdd, qui semble-t-il signifie le Conseil National pour la Défense de la Démocratie, on ne rigole pas avec les voix dissonantes. La « défense de la démocratie » ? C’est joli pour le sigle. Vivre cette démocratie au parti de l’aigle, c’est autre chose…
Tic tac tic tac. L’heure tourne, inexorablement. Impuissants comme ces habitants des îles qui voient venir la tempête, les Burundais semblent attendre l’heure fatale.
Un seul homme peut arrêter la spirale vers cette violence annoncée qui risque de happer le pays. Lui se tait.
Mais si le pays sombre, l’histoire sera sans pitié car il ne dira pas qu’il ne savait, qu’il n’a pas été prévenu.
Pourtant, il lui suffirait d’une phrase genre « Je vous ai compris », pour sauver le pays et entrer dans l’Histoire.



Rompez !
  10-04-2015       
Le nouveau porte-parole du Cndd-Fdd a déclaré, avec une pointe de regret, que s’ils étaient encore au maquis, les frondeurs « auraient été passés par les armes ». C’est justement le problème : Le Cndd-Fdd plus au maquis mais aux affaires et devrait se conduire comme tel.
Au sein du parti présidentiel, beaucoup n’ont pas compris que la loi ou plutôt l’absence de la loi du maquis est dépassée.
Ce que M .Gélase Ndabirabe a dit n’est pas un lapsus malheureusement. Le CNDD-FDD a du mal à devenir un parti politique normal où on admet des idées divergentes, où on ne fait pas la chasse aux voix discordantes.
Au-delà de la question du 3ème mandat, ce parti devrait s’interroger sur cette nécessaire transmutation en profondeur. Un parti politique accepte le débat interne.
Les membres du parti ne sont pas des militaires qui doivent obéir, voter les yeux fermés. La guerre est finie, cher M. Ndabirabe, c’est d’ailleurs ce que nous sérine notre président. Et le Burundi n’est pas une caserne. Rompez ! Marchons vers la vraie démocratie.




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Troisième mandat : «Il n’y a pas de débat, les textes sont clairs»

Ngabire Elyse   13-04-2015       
Pour avoir apposé sa signature le premier à l’Accord d’Arusha au nom du gouvernement burundais, Pierre Buyoya se range du côté des contestataires du troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Pour lui, c’est une violation des textes, pourtant nets. 



Pierre Buyoya : « Je ne suis pas prophète de malheur mais le pays court un grand risque de replonger dans la crise si les textes ne sont pas respectés. » ©Iwacu
« Le mode d’élection dont se targue une opinion pour justifier le troisième mandat de l’actuel président de la République importe peu », déclare Pierre Buyoya.
Sur la question de mandat, fait savoir M. Buyoya, il ne devrait pas y avoir de débat : « Je n’invente pas la roue. En son article 7 alinéa 3, l’Accord d’Arusha stipule que le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.»
De surcroît, M. Buyoya cite l’article 96 de la Constitution émanant du même Accord : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. »

Pour Pierre Buyoya, il faut lire cet article en parallèle avec l’article 302 qui stipule qu’ « à titre exceptionnel, le président de la République de la période post-transition est élu par le Parlement réuni en congrès et à la majorité des deux tiers des membres. »
En décidant que le premier président de la période post-transition soit élu au suffrage indirect, explique-t-il, les négociateurs voulaient épargner la population des discours politiques de campagne parce qu’elle était encore sous le choc de la guerre.
Des gens qui veulent démontrer le contraire, note le sénateur, ne font que de la spéculation politique.
«Le pays est au tournant»
15 ans après la signature de l’Accord d’Arusha, M. Buyoya constate que le Burundi a fait des progrès énormes : «Tout le monde est témoin, tout a changé, du tout au tout sur le plan politique.»
Pour Pierre Buyoya, le Burundi occupe une place de choix dans la région et dans le monde pour sa contribution énorme en matière d’envoi des troupes dans le maintien de la paix.
L’ancien président de la République se dit également satisfait de la liberté des citoyens burundais à exprimer ses positions : « Il ne faut pas perdre tous ces acquis.»
L’ancien chef d’Etat constate que le Burundi est dans un tournant : «Nous sommes dans la possibilité d’avancer et courons le risque de basculer dans la guerre.» Personne, avertit Pierre Buyoya, n’a le droit et ne peut prendre la responsabilité de faire retourner le pays dans la guerre. Il appelle les institutions élues notamment le président de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat à prendre les responsabilités : « Ils doivent aller au-delà des difficultés que traverse le pays pour trouver des solutions aux problèmes posés. »
La question de troisième mandat, insiste M. Buyoya, il est politique et non juridique : « Si ces institutions républicaines arrivent à prendre le bon chemin, le Burundi sera parti une fois pour toutes sur la voie de la stabilité. » Personne, conclut le sénateur à vie, ne pourra plus mettre en cause l’histoire de mandat et le pays aura mis fin à l’histoire d’ambition, de rébellion et de coup d’Etat.











klaxons  contre  le  3ièm  mandat...


 04-avril-2015
Comment Nyangoma a (presque) offert à Nkurunziza le troisième mandat


L’appel du président du Cndd et l’une des têtes pensantes de l’ADC Ikibiri à « des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition pour mettre en place un gouvernement de transition » risque de briser l’ampleur du mouvement contre un nouveau mandat Nkurunziza. En en faisant inconsciemment un débat débouchant sur des réflexes ethniques en milieu rural.


Léonard Nyangoma s’exprimant lors de la conférence de l’ADC Ikibiri de mai 2014, à Bruxelles ©Iwacu

Peuchère ! Il y avait eu le terrible uppercut de l’Église Catholique oint à la neuvaine, les crochets plus séculaires des USA, de l’Union Européenne et des Elders, les nombreuses saillies des activistes de la société civile et autres journalistes, moi-même je m’étais exercé à quelques embardées fictionnelles à travers les cordages pour griffer les mollets du bagarreur, puis il y eut l’effroyable direct des frondeurs, avant que, vlan !, Ban Ki-Moon, pourtant réputé pacifiste, n’allonge une méchante claque toute en finesse.
Nous retenions notre souffle, nous jubilions presque en regardant le ring pré-électoral vaciller : l’homme allait plier le genou, lever le gant, crier de dépit « Foutez-moi la paix avec ce foutu mandat dont je ne veux pas ! »
Vu que même le grand-frère tanzanien avait, semblait-il, murmuré à l’oreille de Nkurunziza : « C’est cuit ! »
Puis, contre toute attente, il y eut cette publication du vendredi 27 mars 2015. Signée Léonard Nyangoma, le terrible enfant du Sud qui lança la rébellion Cndd il y a vingt ans avant de devenir, communales 2010 obligent, le parrain idéologique de l’ADC Ikibiri. Une voix politique significative donc, même si les scrutins de 2005 et 2010 avaient prouvé que son aura électoral avait fondu comme peau de chagrin, se limitant désormais à sa légendaire verve sur micro et aux collines natales.
Léonard Nyangoma donc, celui-là qui promettait à un ambassadeur européen de « prouver mathématiquement les fraudes massives des communales de 2010 », le célèbre professeur de math de Rutovu signait une missive lourde. Était-ce un coup de sonde, ou la mise à découvert d’une étape d’un plan plus large commençant par la contestation de Nkurunziza ?
Publiée sous le titre « le parti CNDD explicite la nécessité d’un gouvernement de transition au Burundi », la lettre de Léonard Nyangoma expliquait notamment ceci :
Face à une […] situation explosive et à l’entêtement du régime de Nkurunziza dans l’exclusion et la violence, il est impossible de tenir des élections justes et transparentes. Il faut donc que tous les Burundais patriotes, toutes les forces vives de la nation s’organisent pour faire pression en vue des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition pour mettre en place un gouvernement de transition, qui aurait des missions claires et convenues, et aboutirait à l’organisation d’élections libres, impartiales et transparentes.
Le mot était lâché. Transition.
Le lendemain, Victor Burikukiye, vice-président du Cndd-Fdd lançait à Muyinga, lors de la clôture des fameuses marches de la paix, que « celui qui empêchera [Nkurunziza de se faire élire] sera considéré comme […] celui qui a tué Melchior Ndadaye, après trois mois de règne. » Autrement dit, un putchiste.
Deux jours après, lors de sa visite d’adieu aux autorités burundaises, l’ambassadeur Paul Seger à la tête de la Configuration du Burundi pour la consolidation de la paix à l’ONU déclarait que c’est aux Burundais de répondre aux questions des candidatures électorales « à travers les mécanismes juridiques et institutionnels existant. »
Autrement dit, un représentant de la Communauté Internationale laissait de côté les habituels appels à respecter « la Constitution, Arusha et son esprit et les autres lois » pour confier le sort de l’éventuelle candidature de Nkurunziza à la Cour Constitutionnelle. Comme l’avait dit le concerné au Conseil de Sécurité.
Un changement de ton notable qui peut s’expliquer par l’évolution de la situation en quatre plans :
de prime abord, les propos de Nyangoma (l’un des pères fondateurs de l’ADC Ikibiri) sont venus jeter un sérieux doute sur la volonté de tous les acteurs politiques burundais de participer au processus électoral en cours. Ce trouble frappe ceux qui sont attachés au principe de transfert de pouvoir par les urnes, avec un soutien au processus électoral tant sur le plan logistique qu’à travers un suivi sur terrain du travail de la CENI. Et si la situation sécuritaire peut poser des soucis par endroits, le travail logistique et les processus d’inscription sont en général appréciés, comme ici avec l’ambassade des Pays-Bas au Burundi.
Il est donc difficile d’imaginer le Burundi rentrer de nouveau dans une phase de transition et de négociations, qui coûterait évidemment plus cher aux contribuables des pays occidentaux que l’organisation des élections comme annoncé par le calendrier électoral de la CENI. Même si soutenir le processus électoral actuel, avec les dangers liés à la candidature Nkurunziza peut déboucher sur une autre crise coûteuse pour les pompiers que sera la Communauté Internationale.
Ce dilemme (financer les élections coûte que coûte, ou se retenir pour financer l’apaisement du jeu potentiellement violent de l’après-élection) est en passe d’être résolu avec le re-soudage des membres du Cndd-Fdd, un temps menacé de grave scission pour cause du troisième mandat controversé de Nkurunziza.
Pour rappel, comme l’ont toujours souligné les différentes analyses politiques sur le Burundi, le plus grand danger du parti à l’aigle n’est pas externe. Il est interne : la seule force capable de vaincre le Cndd-Fdd est celle qui le mènera à une implosion, dispersant en factions le réservoir de voix du parti en milieu rural. Or, c’est ce que promet justement le schéma officiellement tracé par la proposition de Nyangoma, qui d’ailleurs essaimait jusque-là essentiellement sur les réseaux sociaux.
Le raisonnement propagandiste au sein du parti présidentiel est simple : si le parti cède sur la candidature de Nkurunziza, ce sera un aveu de faiblesse que l’opposition va exploiter au maximum pour exiger l’arrêt du processus électoral déclaré irrégulier par l’ADC Ikibiri et le démantèlement de l’actuelle CENI. Le temps de remplacer tout cela et l’on sera face aux expirations des dates de légitimité légale des institutions, ce qui mènera de fait à la transition annoncée par Nyangoma.
Or transition = négociations = direction collégiale du pays = éparpillement de l’électorat Cndd-Fdd entre les nouvelles coalitions en jeu = mort du Cndd-Fdd.
La réaction des membres du parti au pouvoir, pressions et intimidations aidant, a été de mettre de côté les divergences sur la candidature de Nkurunziza au profit de l’union des Bagumyabanga. Cela transparaît dans la série de lettres écrites par les frondeurs repentis. S’ils reviennent sur leur position d’opposition au troisième mandat, ce n’est pas parce qu’ils estiment s’être trompés il y a une dizaine de jours : « C’est la position qu’il faudrait. Mais pour l’unité de notre parti Cndd-Fdd, je prends la décision de me conformer à la volonté de la majorité des Bagumyabanga » peut-on lire dans la série de lettres écrites ce 31 mars 2015, comme celle-ci.

– Deuxièmement, les propos de Nyangoma auront comme autre conséquence l’ethnicisation accrue du débat électoral, notamment sur cette question de la candidature de Nkurunziza. Ici aussi, la propagande cndd-fddiste fait fort de rappeler les parallèles historiques dans un milieu rural pas complètement guéri des traumatismes de la crise de 1993.
Octobre 1993 justement. Ndadaye (= expression de la volonté du peuple) assassiné, c’est la place à la transition, qui ira de la reddition de la légitimité démocratique du Frodebu et l’entrée de l’Uprona « putschiste » au gouvernement en 1994, jusqu’à 2005. 11 années de malheur « essentiellement en milieu rural, chez vous ! » leur crie-t-on.

Avril 2015. Nkurunziza (= expression de la volonté du peuple) empêché de se faire élire, c’est la place à la transition, qui va aller de la reddition de la légitimité démocratique du Cndd-Fdd et l’entrée de l’opposition au sein d’un gouvernement de transition dans lequel personne ne saurait prédire comment, ni quand on s’en sortira. « Ce seront de nouvelles années de malheur devant vous ! », assure les propagandistes du parti, touchant une corde sensible surtout chez les électeurs hutu du monde rural.

Les deux contextes générés par la sortie médiatique de Nyangoma, couplés aux mouvements et intimidations des Imbonerakure et des anciens combattants sur les collines vont avoir comme résultat un mouvement centripète autour du Cndd-Fdd, tout au moins durant le processus électoral.
Le raisonnement propagandiste au sein du parti présidentiel est simple : si le parti cède sur la candidature de Nkurunziza, ce sera un aveu de faiblesse que l’opposition va exploiter au maximum pour exiger l’arrêt du processus électoral déclaré irrégulier par l’ADC Ikibiri et le démantèlement de l’actuelle CENI. Le temps de remplacer tout cela et l’on sera face aux expirations des dates de légitimité légale des institutions, ce qui mènera de fait à la transition annoncée par Nyangoma.

Or transition = négociations = direction collégiale du pays = éparpillement de l’électorat Cndd-Fdd entre les nouvelles coalitions en jeu = mort du Cndd-Fdd.
La réaction des membres du parti au pouvoir, pressions et intimidations aidant, a été de mettre de côté les divergences sur la candidature de Nkurunziza au profit de l’union des Bagumyabanga. Cela transparaît dans la série de lettres écrites par les frondeurs repentis. S’ils reviennent sur leur position d’opposition au troisième mandat, ce n’est pas parce qu’ils estiment s’être trompés il y a une dizaine de jours : « C’est la position qu’il faudrait. Mais pour l’unité de notre parti Cndd-Fdd, je prends la décision de me conformer à la volonté de la majorité des Bagumyabanga » peut-on lire dans la série de lettres écrites ce 31 mars 2015, comme celle-ci.


Des Bagumyabanga lors de l’inauguration du siège national ©Iwacu
Octobre 1993 justement. Ndadaye (= expression de la volonté du peuple) assassiné, c’est la place à la transition, qui ira de la reddition de la légitimité démocratique du Frodebu et l’entrée de l’Uprona « putschiste » au gouvernement en 1994, jusqu’à 2005. 11 années de malheur  essentiellement en milieu rural, chez vous ! » leur crie-t-on.
Avril 2015. Nkurunziza (= expression de la volonté du peuple) empêché de se faire élire, c’est la place à la transition, qui va aller de la reddition de la légitimité démocratique du Cndd-Fdd et l’entrée de l’opposition au sein d’un gouvernement de transition dans lequel personne ne saurait prédire comment, ni quand on s’en sortira. « Ce seront de nouvelles années de malheur devant vous ! », assure les propagandistes du parti, touchant une corde sensible surtout chez les électeurs hutu du monde rural.
Les deux contextes générés par la sortie médiatique de Nyangoma, couplés aux mouvements et intimidations des Imbonerakure et des anciens combattants sur les collines vont avoir comme résultat un mouvement centripète autour du Cndd-Fdd, tout au moins durant le processus électoral.
Tout cela arrive dans un contexte régional propice au maintien au pouvoir des « anciens du maquis » :
la fuite de Radjabu et la menace d’éclatement d’une nouvelle rébellion, l’inquiétante course à l’armement dans la région entre l’Angola, la RDC, le Rwanda et la Tanzanie (information largement relayée sur les réseaux sociaux au Burundi), les menaces sécuritaires sur le flanc ouest du Burundi avec des groupes opérant à partir de la RDC, tout cela pousse nombre de Bagumyabanga récalcitrants à un nouveau mandat Nkurunziza à se demander « qui » sera le bouclier officieux (officiellement, c’est l’armée nationale) en cas de nouveau conflit au Burundi ou dans la région. Évidemment, le choix du Cndd-Fdd et ses réseaux s’impose au détriment du FNL, par exemple.
– contrairement à certains analystes qui soutiennent que le Rwanda serait heureux de voir le Burundi plonger dans la crise pour montrer que le modèle consensuel de « partage du pouvoir entre ethnies assumées » hérité d’Arusha ne marche pas, les récents propos de l’homme fort de Kigali vont plutôt dans le sens contraire.
D’abord, ce qui importe pour les voisins du Nord, de même que la Tanzanie, c’est de préserver la stabilité de la région, garante de la bonne marche des affaires (Corridor Nord et Central, rôle de hub touristique auquel Kigali travaille activement et avec succès, d’ailleurs, etc). Or une crise au Burundi, avec sa cohorte de réfugiés et de catastrophes humanitaires, minerait cet élan.
Ensuite, spécifiquement pour Kigali et Kinshasa, toute position régionale qui défend « le primat de la volonté populaire sur le diktat de la communauté internationale » est la bienvenue. Kagame l’a bien résumée : « La décision d’une réforme constitutionnelle appartient au peuple rwandais. Nous n’avons pas la prétention de dire qui doit diriger la France ou les Etats-Unis; la réciproque doit être vraie. »





Kagame, Kikwete et Nkurunziza lors du dernier Sommet des Chefs d’Etat de l’EAC dédié au Corridor Central ©BdiPresidence

Si Nkurunziza parvient à donner les gages qu’il peut maîtriser la situation après son élection et qu’effectivement il passe, cela fera l’affaire de tout le monde au sein de l’EAC. Preuve sera faite que la Communauté internationale, épaulée par son porte-parole local (la société civile) peut échouer à imposer l’agenda politique à des peuples « qui savent prendre en mains leur destinée. » Un message fort joyeusement accueilli jusqu’à Nairobi, où l’on ne se privera pas de rappeler que l’Occident hurlant à l’élection d’un duo Kenyatta-Ruto « coupable de massacres et méritant la CPI », se précipite désormais à soutenir le même tandem au nom des enjeux économiques menacés par l’appétit chinois. La preuve : Barack Obama s’y rend en juin prochain pour un forum africain consacré au business …
Sans parler du fait qu’un peu partout en Afrique, l’Occident s’accommode fort à propos du pouvoir des anciens hommes en treillis, qui savent contenir les menaces terroristes et protéger leurs intérêts sur le continent. De Al-Sissi (Egypte) au tout frais Buhari (Nigeria) en passant par … Museveni (Ouganda).
En résumé, loin de relancer le débat électoral comme annoncé, les propos de Léonard Nyangoma vont confiner le positionnement individuel des électeurs susceptibles de faire bouger les rapports de force dans la course électorale à des réflexes de groupe, identitaires, et qui du coup, vont tuer le débat citoyen autour d’un nouveau mandat Nkurunziza.
Face à un électorat qui instinctivement associe transition > amagaburanyama* > intérêts des politiciens > guerre, il sera assez difficile de remettre en doute et de façon sensée/raisonnée l’opportunité d’un Nkurunziza III. A l’inconnu de la transition, on préférera le familier de 2005 à 2015.

Et même si au final l’actuel numéro un burundais ne se présentait pas aux présidentielles, sa place au sein du parti sera telle que celui qu’il imposera aura poings et pieds liés, maintenant en pratique le statu quo.
Ironie du sort donc : Nyangoma, ce héraut de la résistance face à la mise à mort de la démocratie en 1993 a inconsciemment perverti le débat démocratique qui prenait une ampleur citoyenne inédite.
Car débattre sereinement exige que l’on mette de côté, pour un temps au moins, la tension mémorielle et la brûlure des souvenirs, pour parler idées, avenir. Le mot « transition » évoque le contraire, chez la plupart des Burundais, urbains ou ruraux.
Pauvre Burundi : nous sommes-nous trompés en souhaitant avant l’heure l’arrivée des civils au pouvoir ?







I  Opinion I Un congrès de dernière chance et une fenêtre de sortie pour sauver la face
  Gervais Cishahayo   23-04-2015       
   Même si le parti au pouvoir peut compter sur son congrès de dernière chance et un avis de la cour constitutionnelle pour sauver la face, il lui faudrait encore liquider le très sérieux contentieux d’un processus électoral où la CENI est accusée de fraudes à son profit. Toutes les voies de sortie n’ont pas été explorées car il n’y pas de volonté politique nécessaire et suffisante ni de canal de communication fiable entre l’opposition et la société civile à juste titre intransigeantes face à un pouvoir assiégé, victime de ses propres bilans et incapable de contempler des démarches de bons offices en vue d’obtenir, paradoxalement auprès de ses adversaires, des gages d’une fenêtre de sortie pour sauver la face.
    Seules les grandes et moyennes puissances de ce monde estiment à sa juste valeur, la position géostratégique de ce pays qui a le potentiel de constituer un important carrefour d’échanges économiques et socioculturels au cœur d’un continent qui n’a jamais pu rationaliser le capital de ses immenses ressources naturelles et humaines. Dans la même logique, elles semblent également les seules à pouvoir infléchir de manière décisive les positions tranchées des uns et des autres vers une solution concertée et consensuelle en dehors des positions cristallisées autour des réflexes plus émotionnels que rationnels.
    Depuis l’indépendance au Burundi, les explosions cycliques de violence ont toujours été le résultat de contradictions profondes auxquelles la classe politique n’a pas répondu de manière proactive rationnelle. Comme d’autres pays, après des décennies de régimes issus de coups d’états, le Burundi s’est remis à l’école de la démocratie quelques années seulement après la fin de la guerre froide : la confrontation entre les détenteurs du pouvoir et les citoyens assoiffés de libertés démocratiques n’a pas tardé à se manifester.
   La crise aigüe que traverse actuellement le pays a exposé les séquelles résiduelles d’un conflit qui a duré deux fois plus que les deux guerres mondiales. Il fallut plus de 12 ans de guerre pour fatiguer suffisamment les belligérants avant de les contraindre dans des négociations et finalement des accords de paix d’Arusha et d’autres protocoles que certains semblent aujourd’hui avoir signé à contrecœur, pendant que d’autres n’hésitent pas à les remettre ouvertement en cause, à défaut de pouvoir s’en dissocier.
   Les récents évènements, ont aussi révélé une détermination et des moyens de répression policière sophistiquée et subtilement brutale avec lesquels toute velléité de revendication doit désormais compter avec la seule différence que cette fois-ci les médias locaux et internationaux peuvent jouer un rôle salutaire de démystification, de modération et de dissuasion d’un pouvoir qui jadis pouvait frapper sans jamais être inquiété. Aujourd’hui, alors que les ingrédients d’une répression violente sont apparemment réunies, toutes les voies de sortie n’ont pas été explorées car il n’y a pas de volonté politique nécessaire et suffisante ni de canal de communication fiable entre une opposition et une société civile à juste titre intransigeantes face à un pouvoir assiégé et victime de ses propres bilans.
   Dans leur ensemble, les Burundais sont devenus appréhensifs envers les gouvernements de transition et les négociations interminables de triste mémoire car ils considèrent qu’ils profitent le plus souvent aux opportunistes ventriotes de tous bords aux dépens de l’affermissement d’une classe de politiciens profondément nationalistes. Paradoxalement, le pouvoir peut avoir besoin de l’opposition et de la société civile pour sauver la face …
   En marge d’un faux débat académique et politique sans modérateur ni verdict autour d’un troisième mandat qui n’aurait jamais dû avoir lieu et semble perdu pour le parti au pouvoir, celui-ci peut encore compter sur son congrès de dernière chance et même un avis de la cour constitutionnelle pour sauver la face. Cependant, il lui faudrait encore liquider le contentieux d’un processus électoral où la CENI est accusée de fraudes à son profit.
   Dans le contexte actuel d’un calme trompeur avant un ouragan où les récentes manifestations risquent d’être comme des secousses mineures précédant un séisme de plus grande envergure, l’apaisement susceptible d’être interprété comme une sorte d’impunité n’est pas une option ; la logique de la confrontation doit en définitive céder la place à d’autres alternatives de sortie de cette crise notamment des démarches de bons offices. En effet, toutes les voies possibles de sortie n’ont pas été explorées car il n’y a pas de volonté politique nécessaire et suffisante ni de canal de communication fiable entre une opposition et une société civile à juste titre intransigeantes face à un pouvoir assiégé, victime de ses propres bilans.
   A moins que cela ne soit fait dans les coulisses, les sorties médiatiques et les propos belliqueux de certains hauts responsables du parti au pouvoir ne rassurent pas. Ils engendrent une perception d’un pouvoir inflexible et incapable de contempler des démarches de bons offices en vue d’obtenir, y compris paradoxalement auprès de ses adversaires, des gages d’une fenêtre de sortie pour sauver la face mais sans aucune garantie d’impunité étant donné le caractère grave et imprescriptible de certains crimes déjà commis ou (selon les allégations des uns et des autres) en cours de planification en vue de récolter des dividendes politiques éventuels de l’utilisation (ou des menaces) de la violence.












Nkurunziza : candidat ou pas candidat ?
  La Rédaction   25-04-2015       

Tout le Burundi, particulièrement la ville de Bujumbura, est dans l’expectative des décisions du congrès du Cndd-Fdd qui se tient ce samedi 25 avril. Les « Bagumyabanga », vont-ils donner le feu vert au président Nkurunziza de se représenter ? Les habitants de Bujumbura retiennent le souffle.
Hier dans l’après-midi. Les habitants de Bujumbura se ruent dans les marchés pour faire des provisions .

Jusqu’à 20 heures, c’est la cohue au centre-ville. Très peu de bus de transport pour faire rentrer un nombre impressionnant de passagers dans leurs quartiers. Les embouteillages sont aussi signalés au marché dit « chez Siyoni ».

RN1 (Route Bujumbura-Bugarama). Vers 5 h 30 . Déplacement massif et inhabituel de taxi-vélos, de Bujumbura vers l’intérieur du pays. Les sources sur place indiquent que ce mouvement a commencé l’après-midi d’hier. Mouvement inverse : des camions « Fuso » amènent les militants du Cndd-Fdd de l’intérieur vers la ville. gagara. Permanence du Cndd-Fdd. Vers 6h 30 : attroupement des Imbonerakure. Depuis la permanence, des jeunes sont rangés à distances régulières tout le long des routes qui mènent à l’intérieur du quartier. Détour des bus de transport de leurs itinéraires habituels.

8 h 30. Terrain de l’ETS Kamenge (nord de la capitale). Des bus de l’Otraco chargent les journalistes et les militants du Cndd-Fdd. Destination : la permanence nationale du parti. Des chants pour à la gloire de Peter Nkurunziza. « Peter guma kw’ivola » (Peter, reste au volant), « Peter kubita impaga » (Peter, triomphe sans péril !) sont diffusés.


Habemus Peter !            La Rédaction   25-04-2015      
  

13h 35. Ça y est. Pierre Nkurunziza est candidat. Le président du parti dit que la loi lui permet de se représenter. Il invite tout le monde au calme. Pour lui, le président Nkurunziza est élu pour le succès de ses réalisations. Que celui qui veut le contester le fasse par les urnes. La rue est une impasse. Il félicite le président Nkurunziza et lui souhaite plein de bénédictions devant Dieu.

Nouvelle résolution. Tout « Mugumyabanga » qui sera promu à un poste devra aussi prêter serment devant le parti.

13h20. Les militants du Cndd-Fdd exultent de joie à l’extérieur de la permanence. A l’intérieur, les congressistes agitent leurs fanions. Tambourinaires et danseurs se mettent en place. « Probablement que le vote est terminé », avance notre correspondante sur place.

13h10. Rien n’est encore officiel. A côté du président Nkurunziza, deux autres candidats de ce parti aux prochaines présidentielles : le député Joseph Ntakarutimana, premier vice-président du parti Cndd-Fdd, il est originaire de Ngozi et l’Hon. Mo-Mamo Karegwa, première vice-présidente de l’Assemblée nationale, originaire de Gitega. Les consultations se poursuivent pour désigner le candidat du arti de l’aigle’’.
Une chose est sûre, le candidat Nkurunziza part favori.

11h 45. Les cris de joie sont venus de l’extérieur de la salle où se tenait ce Congrès du Cndd-Fdd dont l’objectif était de désigner le candidat de ce parti aux présidentielles.

Il est 11h 45 et c’est la liesse, les jeunes militants du ’’parti de l’aigle’’ se trouvant tout autour de cette salle et à l’extérieur sur différents axes menant vers ce ’’grand temple’’, applaudissent, crient, esquissent quelques pas de danse, crèvent les ballons rouges, blancs et verts, les couleurs de leur parti, pour saluer la nouvelle : «Niwe nyene ! C’est lui et personne d’autre !

11 h30.Prière spéciale dans les paroisses du vicariat de Bujumbura

Parallèlement aux assises du congrès du parti Cndd-Fdd, dans les paroisses du vicariat de Bujumbura se tiennent depuis 7 heures une prière spéciale « pour cette journée spéciale ». A 11 h30, à la paroisse Sainte Trinité de Gikungu, une trentaine de fidèles priaient dans la chapelle eucharistique. Organisée par le Renouveau eucharistique catholique, la prière prend fin à 13 heures. C’est à 13 h qu’officiellement le congrès devrait se clôturer.

Signalons qu’à l’agence Volcano, tous les tickets de bus en destination de l’intérieur étaient déjà vendus avant 10 heures. D’après un chauffeur, les bus font le plein depuis une semaine.







 Le président  Nkurunziza et les tenors du parti pendant prière débutant le congrès ©Iwacu




«Ce jour était attendu, que le Seigneur bénisse cette journée et toutes activités qui vont se dérouler. Vous allez prendre une grande décision aujourd’hui, elle va renforcer le parti à jamais », a martelé l’Hon. Nyabenda.

Et de poursuivre : « Le Cndd Fdd est fort de la base au sommet, je dis merci aux militants qui sont restés fidèles, de vrais Bagumyabanga ! » Le président du part a rappelé aux congressistes quelques réalisations de ces derniers jours à l’actif du ’’parti de l’aigle’’ : « Nous avons fait des manifestations à Bujumbura et à l’intérieur du pays pour démontrer notre force et notre unité. Il ne faut pas oublier d’où nous sommes venus ! Nous ne voulons pas y retourner», a-t-il insisté.

Petit bémol : «Mais il y a des compatriotes qui nous ont faussé ompagnie, vous les connaissez ! Ils ont été motivés par des intérêts égoïstes comme ce fut après l’assassinat du président Ndadaye.» A ces mots toute la salle applaudit fortement et pendant longtemps.

«Il nous fait une victoire écrasante », a-t-il averti. Il n’a pas épargné «certains médias, certains politiciens et certaines organisation de la société civile qui ternissent l’image des jeunes Imbonerakure alors qu’ils s’attèlent aux travaux de reconstruction du pays.» Mais il a appelé ces jeunes du parti au pouvoir d’être disciplinés.

Il a évoqué dans son discours les Burundais qui continuent à fuir le pays : «Ceux qui sont en train de se réfugier au Rwanda et ailleurs ont d’autres raisons non avouées d’autres motivations. Nous allons faire des investigations pour connaître les vrais mobiles. Nous voulons des élections libres même s’il y a des gens qui ne l’entendent pas de cette oreille.»

Il a remercié la Communauté internationale pour « sa position de s’inscrire en faux contre toutes les manifestations ». A ces mots il y eu des applaudissements et à l’extérieur des chansons en l’honneur du président Nkurunziza étaient balancées à pleins décibels.






















































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